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Prévenir les actes de délinquance à travers le chevauchement des réseaux de relations

Dans le film de science-fiction Minority Report, de Steven Spielberg, des mutants possèdent le don de pressentir l’imminence de crimes. S’il n’a rien d’un mutant, Carlo Morselli a cependant conçu un modèle fondé sur la science qui aidera les intervenants en relation d’aide auprès des jeunes à prévenir les gestes délinquants.

M. Morselli, qui est professeur à l’École de criminologie de l’Université de Montréal, et ses collègues Audrey Gariépy et Claudine Gagnon se sont intéressés à la façon dont l’entourage d’une personne permet de comprendre sa participation à des actes de délinquance et à des gestes criminels.

«La présence de pairs délinquants est l’un des facteurs par excellence pour prédire les comportements délinquants d’un jeune, c’est bien établi dans la littérature en criminologie, indique-t-il d’entrée de jeu. Toutefois, certaines mesures méritaient d’être nuancées et c’est ce que nous avons fait en créant un index de dispersion de la délinquance1

En effet, bien que les amis soient particulièrement importants pour les jeunes, leur entourage est composé de différentes personnes qui peuvent exercer une influence tantôt positive, tantôt négative.

«De plus, un pair délinquant peut avoir une influence positive sur un jeune, tandis qu’un pair non délinquant mais ayant commis des actes de délinquance peut avoir une influence négative», fait valoir le professeur Morselli, qui est aussi directeur du Centre international de criminologie comparée de l’UdeM.

Une enquête pour aider les intervenants

Son équipe et lui ont ainsi interviewé 237 jeunes âgés de 14 à 24 ans fréquentant des organismes communautaires du Québec pour brosser le tableau des différents réseaux sociaux avec lesquels chacun interagit : famille immédiate et élargie, amis proches et lointains, amoureux et belle-famille, camarades de classe, partenaires de jeu ou d’activités, etc.

Ils ont ensuite analysé de quelle façon tous ces réseaux se chevauchent pour en tirer un index de dispersion de la délinquance, c'est-à-dire un modèle qui indique comment se disperse la délinquance à travers ces sphères relationnelles afin d’évaluer la probabilité de participation d’un jeune à un délit.

Puis, ils ont comparé l’efficacité de trois modèles à prédire la participation d’un individu à un délit, dont l’index de dispersion de la délinquance.

Et c’est ce dernier outil qui a été le plus précis : plus la délinquance était étendue à travers les réseaux qui se chevauchaient, plus les activités criminelles étaient nombreuses.

«Certaines sphères peuvent exercer des influences qui entrent en compétition lorsqu’elles n’ont pas de lien entre elles – par exemple la famille d’un jeune où il n’y a pas de délinquance et un groupe d’amis où il y en a, mentionne M. Morselli. Mais, lorsque deux sphères se chevauchent et qu’il y a présence de délinquance dans chacune d’elles, la probabilité qu’un geste criminel survienne est plus élevée.»

Cette recherche réalisée par Carlo Morselli aidera les professionnels en relation d’aide à mieux intervenir auprès des jeunes.

«Nous avons déjà commencé à intégrer ces nouvelles connaissances par l’entremise de projets pilotes en milieu carcéral, dans les centres jeunesse et dans les maisons de transition, conclut l’expert en criminologie. En menant des actions concertées, nous contribuons à la mise en pratique de la littérature scientifique.»


1. C. Morselli , A. Gariépy et C. Gagnon, L’enchâssement social et la délinquance des pairs, Revue canadienne de criminologie et de justice pénale, vol. 58, no 3, juillet 2016.